Quinze petits jours après la déception de Singapour, nous nous retrouvons pour l’avant-dernière manche aux États-Unis, sur le circuit d’Austin, au Texas. Ce tracé est particulièrement apprécié des pilotes pour ses enchaînements rapides et techniques, mais il met aussi les pneumatiques à rude épreuve. La FIA place le week-end sous le signe d’une forte chaleur, ajoutant ainsi une variable supplémentaire à gérer pour toutes les équipes.
Ferrari doit impérativement se relancer et reprendre la deuxième place au championnat constructeurs. La tâche s’annonce toutefois difficile, car Maranello concentre ses efforts sur la voiture prévue pour deux mille vingt-six. De plus, le format sprint impose une gestion stratégique encore plus pointue.
Dans ce contexte tendu, John Elkann, le président-directeur général de la Scuderia, renouvelle publiquement toute sa confiance envers Frédéric Vasseur lors d’une interview.
Vendredi marque la seule séance d’essais libres du week-end, une session globalement calme, seulement interrompue par un drapeau causé par des débris sur la piste. Les pilotes se concentrent sur la recherche des bons réglages pour la course et les qualifications à venir, en privilégiant les pneumatiques durs pour accumuler des données fiables. Norris signe le meilleur temps, suivi de Hülkenberg et de Piastri. De son côté, Charles ne chausse pas les pneus tendres : il détecte une odeur d’huile et se plaint de problèmes de boîte de vitesses. Il termine cette séance avec le dernier chrono.
La journée se poursuit avec les qualifications sprint. Les deux premières parties se disputent en pneumatiques médium, tandis que la dernière se joue en tendre. Lors de la SQ1, les deux Ferrari se qualifient de justesse, arrachant leur passage en SQ2 dans leur tout dernier tour rapide. Tsunoda est éliminé à ce stade. La SQ2 se révèle un peu plus fluide pour la Scuderia, sans être brillante pour autant : la voiture manque clairement de rythme. La SQ3 n’apporte pas de meilleure surprise. Les pilotes ne bouclent qu’un seul tour rapide chacun. Verstappen arrache la pole position sprint d’un cheveu face à Norris, Piastri complétant le top trois. Charles signe seulement le dixième temps, tandis que Lewis Hamilton prend la huitième place. Hülkenberg crée la surprise en s’élançant quatrième sur la grille.
La journée de samedi commence avec la course sprint. Tout le monde s’élance en pneumatiques médium pour le départ, mais celui-ci tourne rapidement au chaos. Dès les premiers mètres, Norris pousse une nouvelle fois son coéquipier suite à une freinage trop tardif, déclenchant une véritable réaction en chaîne. Piastri tente alors de recroiser la trajectoire, mais Hülkenberg le touche. Pris en étau entre Alonso d’un côté et Piastri de l’autre, le jeune Australien se retrouve sans échappatoire. Le contact est inévitable : la Sauber et la McLaren abandonnent sur le coup, tandis que Piastri s’immobilise quelques virages plus loin, contraint à l’abandon lui aussi.
Ce désordre initial profite à Charles, qui remonte jusqu’à la quatrième place, immédiatement suivi de son coéquipier. Devant, Russell et Sainz complètent le podium provisoire derrière Verstappen, solidement installé en tête. Très vite, Charles se retrouve dans la zone de DRS de Sainz et tente de rester au contact.
Au huitième tour, Russell porte une attaque sur Verstappen et le pousse légèrement à l’extérieur. Conscient de la manœuvre limite, il lui rend la position dans la foulée, évitant ainsi toute sanction. Derrière, Hamilton en profite : le Monégasque commet une erreur et perd plus de deux secondes sur Sainz, offrant au septuple champion du monde une occasion en or de le dépasser. L’attaque est propre et efficace. Devant, Verstappen s’échappe tranquillement, tandis que Russell n’est plus dans la zone de DRS.
Alors que la fin de course approche, un nouvel incident vient relancer la tension. Stroll freine trop tard et accroche Ocon. Le contact provoque une nouvelle voiture de sécurité, neutralisant les derniers tours.
La course se termine finalement sous régime de voiture de sécurité, figeant les positions. Verstappen enpoche les huit points de la victoire, suivi de Rusell et Sainz. Charles termine cinquième derrière son coéquipier.
La journée s’achève avec les qualifications pour la course de dimanche. La Q1 est marquée par la sortie de piste d’Isack Hadjar, qui provoque un drapeau rouge et interrompt temporairement la séance. La Scuderia montre un visage bien plus solide que la veille : les deux pilotes se qualifient sans difficulté particulière pour la suite. En Q2, la dynamique reste positive. Charles et Hamilton signent des tours propres et efficaces, assurant leur place en Q3 avec une certaine aisance. Hülkenberg, pourtant très en forme jusque-là, voit son parcours s’arrêter à ce stade. La Q3 débute sur une première tentative tendue. Alors que presque tout le monde signe un tour de référence, les deux Ferrari échouent à boucler le leur. Hamilton allume ses pneus dans le premier virage et doit avorter, tandis que Charles part en tête-à-queue dans le dernier virage, offrant au public un spectaculaire trois cent soixante degrés. La pression repose alors sur la dernière tentative. Et lors de cette ultime opportunité, le Monégasque sort un tour exceptionnel qui le place provisoirement en deuxième position. Quelques instants plus tard, Norris améliore son chrono et récupère pour huit millièmes de seconde la seconde position. Verstappen, de son côté, n’améliore pas et conserve ainsi la pole position. Hamilton signe le cinquième temps, tandis que Piastri se contente de la sixième place.
Avec une telle performance, Ferrari peut légitimement espérer un bon résultat dimanche, voire même viser le podium.
Dimanche, la plupart des pilotes s’élancent en pneumatiques médium, tandis que Charles opte pour les tendres. Ce choix stratégique est clair : le Monégasque espère profiter d’une voiture de sécurité précoce, mais surtout prendre un excellent départ. Et le pari fonctionne. Dès les premiers mètres, ses pneus tendres offrent l’adhérence nécessaire pour s’extraire parfaitement de la grille et s’emparer de la deuxième place. Derrière lui, Hamilton et Piastri dépassent Russell, pris de vitesse.
Très vite, Norris se glisse dans la zone de DRS de Charles et devient une véritable menace. Le Monégasque résiste néanmoins avec autorité, contenant la McLaren tout en laissant l’écart avec Verstappen se creuser à trois secondes. Hamilton en profite pour mettre la pression sur Norris, créant une bataille stratégique à trois. Charles parvient finalement à repousser Norris en dehors de la zone de DRS. Profitant d'une bouffée d'air.
Au septième tour, une voiture de sécurité virtuelle est déployée après un accrochage entre Sainz et Antonelli. La Williams est contrainte à l’abandon. À la relance, Charles conserve deux secondes d’avance sur Norris, maintenant son rythme avec maîtrise.
Au quinzième tour, Norris revient dans la zone de DRS de Charles, mais l’écart avec Verstappen, lui, grimpe à cinq secondes. Le Monégasque continue de défendre sa position avec sang-froid, et Hamilton se rapproche à son tour de Norris. McLaren sait que chaque point compte, et Norris tente une nouvelle attaque. Charles ferme la porte avec autorité. L’écart avec Verstappen atteint désormais neuf secondes.
Au vingt-et-unième tour, Norris trouve finalement l’ouverture et s’empare de la deuxième place. Charles reste toutefois dans sa zone de DRS, refusant de décrocher. Deux tours plus tard, au vingt-troisième tour, Hamilton tente une attaque sur Charles, qui résiste. Le Monégasque rentre alors aux stands et troque ses tendres contre des médiums, ressortant en neuvième position. Au trentième tour, il est déjà sixième.
Piastri s’arrête au trente-et-unième tour pour chausser les tendres, tandis que Charles poursuit sa remontée avec un rythme solide. Hamilton passe aux stands pour monter également les tendres et ressort sixième. Norris s’arrête dans la foulée, mais un arrêt lent lui fait perdre du temps : il ressort quatre secondes derrière le Monégasque. Verstappen et Russell imitent le mouvement au tour suivant, eux aussi en tendres.
Charles se retrouve alors à six secondes de Verstappen. Norris, avec ses pneus frais, revient rapidement et entre à nouveau dans la zone de DRS. Mais contre toute attente, ses gommes commencent à se dégrader plus vite que prévu, et l’écart se creuse à deux secondes et demie. À dix tours de l’arrivée, Norris, après avoir pris le temps de refroidir ses pneus, relance son effort et réduit l’écart sur Charles. Il n’abandonne pas et continue à pousser. À cinq tours du drapeau à damier, il revient dans le DRS de Charles et lance une première attaque. Le Monégasque réplique immédiatement et reprend sa position avec un magnifique recroisement. Mais quelques virages plus loin, Norris retente sa chance : cette fois, l’attaque est propre et décisive. Charles est surpris et ne peut pas contrer.
Le Monégasque tente de maintenir une pression sur la Mclaren, en vain. L'écart des pneus est trop important. Verstappen s’impose devant Norris et Charles, qui offre malgré tout une prestation solide et combative, récompensée par une belle troisième place.
Photo : media.ferrari.com