Après presque trois mois de pause, la F1 fait enfin sa rentrée des classes et cette saison, Charles fera équipe avec l'excellent Lewis Hamilton au volant d'une SF-25 complètement différente de sa devancière.
Quelques nouveautés de la SF-25 :
La première chose qui saute aux yeux est évidemment le sytème de suspension à l'avant qui passe à tirant au lieu de celles à poussoir utilisées jusqu'ici. L'architecture et l'aérodynamisme de la voiture sont aussi complètement nouveaux. Cette monoplace est par exemple 25mm plus longue à l'avant, la répartition des masses a été retravaillée pour apporter encore plus de train avant, ce qui convient parfaitement au style de pilotage des deux équipiers. L'ouverture des pontons a également été retravaillée car elle est plus étroite et son profil est encore plus creusé dans le but d'améliorer le flux d'air vers le plancher afin de gagner de l'appui aérodynamique. A l'arrière, la géométrie des suspensions a aussi été revue pour apporter plus de motricité, ce qui était l'un des défauts de la SF-24.
Avant de passer au descriptif de ces trois jours, signalons avant toute chose qu'il ne sert absolument à rien de regarder les temps au tour. Lors de ces essais qui servent principalement à scanner la voiture de fond en comble et à voir si la corrélation avec la soufflerie et le simulateur est bonne, il est bon de rappeler que les cartographies du moteur, la configuration du système hybride, les différences de carburant embarqué et de composition des pneus sont énormément variables entre les équipes.
Première journée :
Le matin, Hamilton est au volant et nous pouvons noter une instabilité de la SF-25. Dans le virage 4, la monoplace a du mal à pivoter et ça se transforme souvent en survirage à la sortie. Dans l'enchainement du 5-6-7, la voiture rebondit beaucoup, envoyant même Hamilton en dehors des limites de la piste. Enfin dans le troisième secteur, la partie arrière semble avoir du mal à suivre l'avant. Evidemment, il ne s'agit-là de rien de très important car Ferrari a l'habitude d'utiliser une très grosse plage de différents réglages afin de trouver celui qui servira de base.
L'après-midi, c'est au tour de Charles de prendre le volant avec un réglage déjà plus optimisé. Le comportement de la voiture a été transformé et nous le constatons lors de la première simulation course du Monégasque. Même si la maniabilité de la voiture n’est pas encore optimale, plusieurs corrections sont notables. L’équilibre doit encore être amélioré mais les hommes de Fred Vasseur sont sur le bon chemin. En rentrant aux stands, Charles demande et obtient une correction à l'arrière pour rendre l'arrière plus souple. Un coup gagnant, car la voiture semble bien réagir et offre une plus grande stabilité. Un peu plus tard, nous avons pu voir que le travail se portait sur la suspension avant et lors du dernier run, Charles a testé plusieurs réglages différents.
Deuxième journée :
Le matin, Hamilton est de nouveau au volant et l'impression d'amélioration vu la veille avec Charles se confirme. En configuration course, même si la voiture rebondit encore un peu trop et qu'elle est pour l'instant toujours réglée très basse, la maniabilité de la SF-25 est quand même bien meilleure. Hamilton a un pilote très fluide, très linéaire et sans hésitation. Il parvient par exemple assez facilement à attraper la corde du virage 13, ce qui n'était pas possible la veille.
L'après-midi, Charles fait une nouvelle simulation de course, cette fois avec des pneus (C3) déjà vieux de 6 tours. Dans le premier tour de poussée, la voiture n'est pas parfaite et souffre de sous-virage au virage 4 qui se transforme en glissade à la sortie. Par contre, à la sortie du virage 8, la SF-25 est bien équilibrée. Dans l’ensemble, la maniabilité est bonne, même s'il reste néanmoins quelques performances à extraire en termes de traction.
En fin de journée, Charles effectue une simulation complète de course, soit 300km et avec au moins 80 kg de carburant à bord. Le premier relais a duré 14 tours avant de passer aux pneus durs. Si la Ferrari semble bien se comporter, elle n'est clairement pas (encore) au niveau de la McLaren de Norris qui est sur le même programme. Évidemment, il faut rappeler que nous n'avons pas de références sur le poids de l'essence embarquée, ni sur les cartographies utilisées, ni sur le fait qu'un même pilote peut décider de maintenir un rythme X ou Y pour ne pas donner de références précises aux autres équipes.
Dernière journée :
Le matin, Charles est au volant pour la dernière fois avant le lancement de la saison en Australie. On note tout de suite qu'il utilise un capot moteur plus étroit. Ceci étant lié aux températures plus basses du matin, ce qui représente une expérience utile pour analyser la gestion thermique du groupe motopropulseur ainsi que tous ses composants. Pour cette dernière journée, il semblerait que Ferrari se concentre presque entièrement sur la compréhension du fonctionnement de l'aérodynamique, avec un réglage très rigide.
Contrairement à la simulation de tour rapide où la SF-25 semble avoir trouvé un bon équilibre global, dans les longs runs, l'équipe doit encore affiner le réglage de sa machine. Pour vous donner une idée, dans les virages lents comme le 1, le 10 et le 11, Norris est en moyenne 3 km/h plus rapide que Charles, qui, en raison de son arrière plus instable, doit rouler moins vite au milieu du virage. Par contre, la SF-25 est la meilleure là où l'action de la charge aérodynamique compte, grâce à un réglage plus rigide, qui favorise le travail de l'aérodynamique. Rappelons encore que nous ne connaissons pas le poids de l'essence embarquée ni les cartographies moteurs.
L'après-midi, l'attention se porte sur les zones plus lentes, utilisant une rigidité bien plus faible, afin d'avoir une image complète de la compétitivité de la voiture. L'attitude de survirage est toujours présente, même si avec plus de poids à bord, elle semble moins présente. Ce qui est certain c'est que Ferrari a encore beaucoup de travail à faire pour amener la voiture dans la bonne fenêtre de fonctionnement. D'un autre côté, la connaissance de la voiture ayant considérablement progressé ces derniers jours, le programme de développement au simulateur sera très important d'ici Melbourne. Enfin, signalons que les essais de Ferrari se sont terminés une heure plus tôt que prévu, lorsque l'équipe a mis des barrières devant son garage.
Photo : Ferrari Media Service