F1 2023 - Essais hivernaux à Bahreïn : Red Bull très en forme, Ferrari deuxième ?

Il ne reste plus qu'une semaine avant le premier Grand Prix de la saison et le moins que l'on puisse dire, c'est que tout le monde est très impliqué dans le développement des voitures. Rappelons que les temps au tour ne veulent rien dire, surtout que cette année, les équipes n'ont que trois jours d'essais au lieu des six de l'an dernier.

Jour 1 :
Jeudi, les essais démarrent sur les chapeaux de roues puisque Ferrari annonce qu'Inaki Rueda (chef de la stratégie depuis 2015) restera désormais à l'usine et occupera un autre rôle. C'était une décision attendue, surtout que l'an dernier, il a fait perdre trois victoires à Charles. Dans le même temps, c'est l’Indien Ravin Jain (ingénieur en stratégie de course depuis 2017) qui est promu en tant que chef de ce département. Signalons que Laurent Mekies, se concentrera sur les opérations de l’équipe, tandis que Fred Vasseur sera responsable des pilotes, des sponsors ainsi que des médias.

Côté piste, la première journée est entièrement dédiée à des comparaisons entre la piste, le simulateur et la soufflerie. Si la corrélation est mauvaise, la voiture le sera tout autant. Il est donc primordial de s'assurer que tout va bien de ce côté-là. Les réglages de la SF-23 ont évolué plusieurs fois au cours de la journée puisque nous avons vu plusieurs hauteurs de caisse différentes ainsi que du travail sur le plancher, la suspension avant, l'aileron avant et l'aileron arrière.

D'ailleurs, signalons que ce dernier est le même que celui vu à Fiorano lors du shakedown. Il est de charge moyenne (plus approprié pour une piste comme celle du Canada) alors que sur l'an dernier, sur ce même circuit, il était de charge un peu plus élevée. Les rouges semblent donc avoir trouvé plus d'appui sans devoir trop braquer leurs ailerons. Une bonne nouvelle ! A titre de comparaison, en 2022, la vitesse de pointe de la Ferrari lors des qualifications était de 318 km/h. Cette année elle est déjà de 325 km/h, signe que la dernière née de Maranello pourrait avoir moins de trainée, même si elle est loin d'être encore optimisée.

Ci-dessous, la comparaison entre les ailerons arrières 2022 et 2023.

Jour 2 :
Vendredi
, l'aileron de charge moyenne est toujours présent sur la SF-23. Les rouges effectuent plusieurs simulations de course avec une quantité d'essence que certains annoncent élevée. Si l'on compare Verstappen et Charles, l'écart varie entre une seconde et une seconde et demie à la faveur du Néerlandais. Est-ce que la dégradation sera encore la bête noire de Ferrari ? Inutile de céder à la panique, surtout que l'équipe a annoncé se concentrer uniquement sur la collecte massive de données. L'état d'esprit semble être sain : "La maniabilité ne satisfait pas les pilotes ? Eh bien continuons de rouler, remplissons les ordinateurs d'informations en tout genre et comprenons les limites de cette voiture."

Jour 3 : 
Samedi, Ferrari change d'aileron arrière et en apporte un avec une charge que l'on appelle "moyenne-élevée", bien plus adapté à ce circuit. Celui-ci embarque un peu plus d'appui que celui de la veille sans non plus en apporter un maximum comme c'est le cas à Monaco par exemple. L'idée est de charger un peu plus la voiture pour qu'elle soit efficace dans les virages lents et moyens. Malheureusement, le volet du DRS a cassé assez vite, contraignant l’équipe à revenir à la version des deux premiers jours. Nous avons longtemps pensé qu'il allait être réparé en cours de journée mais ça n'a pas été le cas. Impossible de savoir s'il apporte une plus-value à la SF-23 avant le week-end prochain. Sur les photos ci-dessous, vous pouvez voir les différences entre les deux spécifications. La nouvelle (en haut) n'a qu'un seul montant, comme c'est le cas chez la majorité des équipes. Le plan principal (inscription Ferrari) est effectivement plus chargé que l'ancien, avec une inclinaison plus prononcée.

Comparaison entre l'aileron arrière 2022 et 2023.

Ferrari apporte également un nouveau fond plat mais nous n'avons eu aucun retour particulier sur un éventuel gain en performance. Ferrari fait très attention à sa communication et c'est bien normal. Par contre, lorsqu'on regarde les photos de Charles dans les stands, plusieurs d'entre elles le montrent assez soucieux. Il est rapidement apparu qu'après sept ou huit tours avec les pneus C3 (les tendres lors de la première course), Charles n'arrivait plus à être incisif et a dû conduire d'une manière différente, presque défensive, pour compenser l'usure trop rapide subie par les pneumatiques. Les performances sur un tour semblent très encourageante, reste à voir ce que ça dira la semaine prochaine.

A quoi peu bien penser notre pilote préféré ? Image

Red Bull très en forme :
Clairement, la RB19 est très bien née et elle fait déjà peur. Certains craignent déjà que l'écart avec Ferrari ne se soit agrandit pendant l'hiver. L'an dernier, nous avons vu qu'ils étaient devant avec une voiture entre 8 et 12kg de plus que le poids minimal requis. Cette année, elle l'a carrément atteint !

Là encore, nous disons "attention", puisque nous connaissons ni les quantités d'essence embarquées, ni les cartographies moteur utilisées et encore moins si tel ou tel pilote était autorisé à rouler à 100%. Vous n'en verrez jamais un sortir des stands en pneus neufs, claquer un temps de folie et rentrer aux stands de son propre chef. Ce n'est pas le but recherché ici. Chacun travaille sur sa propre voiture et là encore, il faudra attendre la semaine prochaine pour avoir une petite idée de la hiérarchie, même si une petite idée est déjà évoquée. Et puis qui sait, peut-être qu'avec un aileron arrière typé pour ce circuit les choses iront bien mieux ? En tout cas on l'espère !

Déclaration de Charles après les trois jours d'essais : 
"Je crois que nous avons du travail à faire tandis que Red Bull semblent être déjà très forts. Ce matin, c’était un peu mieux pour moi mais il reste encore du travail à faire. Cette voiture est différente de la précédente, vous devez la conduire un peu différemment. J’ai essayé beaucoup de styles de pilotage différents et finalement j’ai semblé trouver ma voie ce matin. On a travaillé dans le bon sens, on a fait ce qu’il fallait. Nous avons une voiture avec moins de traînée, donc ce devrait être mieux cette année. Par contre, ça a changé toutes les caractéristiques de la voiture mais elles sont toutes conformes à ce que nous attendions. Toutefois, nous devons encore trouver les bons réglages. Honnêtement, je m’attends à ce que nous soyons un peu plus rapides dans les lignes droites et peut-être un peu plus en difficulté dans les virages. Avec ces trois jours d’essais, je peux dire que nous travaillons encore beaucoup pour essayer de trouver la fenêtre de fonctionnement idéale de la voiture en termes de réglages. Il y a donc, je l’espère, une certaine marge de progression car nous n’avons pas encore trouvé le point idéal. Le premier jour, nous avons fait de gros scans pour essayer de comprendre dans quelle mesure les données correspondent à celles que nous avions à l’usine avant le test. Elles correspondaient assez bien, ce qui est une bonne nouvelle. 

Déclaration de Fred Vasseur : 
"Les tests à Bahreïn sont assez étranges car nous courons toute la journée avec 45°C sur la piste, alors que la semaine prochaine, en qualifications et en course, il fera 25°C. Nous aurons une piste totalement différente qui pourrait raconter une histoire complètement différente. Honnêtement, pendant les essais hivernaux, personne ne sait ce que font les autres avec le carburant et les modes moteurs. L’important est de se concentrer sur ce que l’on fait. Bien sûr on veut toujours en faire plus, car trois jours, c’est peu. Si vous demandez aux pilotes, ils vous diront qu'ils voudraient rester une semaine de plus, mais c’est comme ça. Globalement, ça s’est plutôt bien passé pour nous. Nous n’avons pas coché toutes les cases, mais une grande partie le sont déjà. Ce furent trois jours de travail intense pour toute l’équipe et notre objectif principal était d’accumuler le plus de kilomètres possible et nous y sommes parvenus. Nous apprenons encore à connaître la voiture, il est donc trop tôt pour porter un jugement. Le moral de l’équipe est parfait et nous sommes en excellente forme pour débuter cette longue saison. Evidemment, ce n'est pas parce que je viens d'arriver que tout va changer en une semaine. Nous prendrons le temps qu'il faudra, c’est un long processus, l’équipe est bonne, les résultats étaient bons l’an dernier et il ne faut pas tout changer."

Pour le reste, rendez-vous dès la semaine prochaine, toujours à Bahreïn, pour ce qui sera le premier Grand Prix de la saison ! En attendant, n'oubliez pas que nous sommes aussi sur Facebook et surtout sur Twitter !


Photo : Ferrari Media Service