Interview : Lorenzo Tolotta-Leclerc répond à nos questions après Monaco !

Dans l'heuphorie du Grand Prix de Monaco, Lorenzo Tolotta-Leclerc nous a fait l'amitié d'accepter une rapide interview malgré un emploi du temps très chargé. Dans celle-ci, le grand-frère de Charles nous livre son ressenti sur ce week-end très spécial et nous parle de la suite de saison.

Est-ce que Charles s'est préparé une façon particulière pour cette course à Monaco ?
"A ma connaissance non et j'en suis même quasiment sûr. Bien que ce soit une semaine et un weekend où il y a énormément de sollicitations, d'événements marketing ou sponsoring, je pense que l'approche du week-end est restée la même pour lui et pour l'équipe. Je pense que c'est ça qui est important dans ce genre de week-ends car évidemment, on ne va pas see cacher, il y a une certaine pression ou émotion qui est quand-même plus importante qu'ailleurs. Sur une course à domicile et surtout à Monaco sur laquelle nous avons de grandes attentes depuis plusieurs années, je pense que l'important a été de garder la même approche que sur les autres week-end de course. De toute façon, que ça soit à Monaco ou ailleurs, Charles cherche toujours à faire le maximum car son objectif est de gagner. Je pense que là, l'équipe a été très forte pour rester concentrée et pour ne pas en faire trop. On sait que ce genre de circuit ne pardonne pas, que ça soit au niveau pilote ou de celui de l'équipe. Cette année je pense que l'approche a été la même qu'ailleurs et qu'elle a été juste."

Comment avez-vous vécu le weekend et plus particulièrement la course ?
"C'est un week-end qui est généralement assez éprouvant pour nous les proches. J'imagine que pour lui aussi mais Charles fait 24 Grand Prix dans l'année donc il a un peu l'habitude de gérer ce genre de week-ends ou même, on pourrait dire, de semaine de course puisque généralement ce genre d'événements commence le mardi ou le mercredi avec toutes les sollicitations. En ce qui nous concerne, nous sommes moins habitués à ce genre de choses. Alors, évidemment, nous ne sommes pas du tout dans la même situation, sachant qu'on ne pilote pas ou qu'on ne participe pas aux interviews. Il n'empêche qu'il y a quand même déjà une certaine effervescence et pas mal de sollicitations de la part des personnes qui sont sur place. Bien sûr, c'est gratifiant, c'est motivant et ça rend justement l'événement encore plus fort. D'un autre côté ça crée aussi un stress auquel nous ne sommes pas forcément habitués. Cette tension se construit progressivement en mai, parce que nous voyons la ville se transformer au fur et à mesure des semaines. D'abord avec la Formula E, ensuite avec le GP historique avant de terminer par la F1. C'est la ville tout entière qui se tourne vers l'événement de l'année et au centre de cet événement, il y a Charles, qui fait que c'est assez proche de nous.
Honnêtement, c'est cette tension émotionnelle grandissante qui rend cette semaine assez éprouvante. Alors, bien sûr, nous sommes contents d'y arriver parce que pour nous, c'est l'événement de l'année, mais nous sommes aussi contents une fois que c'est passé et que la pression redescend un peu. Cette année, elle est redescendue de la meilleure des manières. En qui concerne la course, je pense très honnêtement que j'ai vécu les 78 tours les plus longs de ma vie. Le stress a été énorme parce qu'en temps normal, partir en pole à Monaco, surtout dans une situation où les arrêts aux stands ont pu être évités grâce au drapeau rouge fait qu'en terme de probabilité, il y a quand-même une chance d'environ 95% de gagner la course. La pression aurait logiquement dû être moindre mais comme nous le savons tous, avec les différents GP de Monaco que nous avons eus dans le passé, que ce soit F1 ou F2, je pense que Charles aurait pu en gagner 4 ou 5 sur les 7 auxquels il a participé. Cet historique fait que nous ne pouvons pas nous empêcher de croire, que jusqu'au dernier tour, il peut se passer quelque chose. Nous savons aussi que Monaco est un circuit où l'important est d'être le premier sur la piste, mais évidemment s'il y a une Safety Car ou une VSC sur les derniers tours ça peut changer complètement l'ordre des choses, et on l'a bien vu en F2. C'est un Grand Prix qui peut basculer rapidement et c'est pour ça que ça a été quand même une course assez longue mais avec un gros soulagement à l'arrivée."

Quelles ont été tes premières pensées quand Charles a franchi la ligne d'arrivée ?
"Mes premières pensées ont été assez simples. J'ai pensé à beaucoup de personnes, nottament à Jules qui avait marqué ses premiers points il y a 10 ans. Mes pensées ont été avec Jules un peu tout le weekend. A un moment, j'ai pensé que finalement, 10 ans après avoir marqué ses premiers points en F1, c'était peut-être le signe qui allait faire que nous allions enfin arriver à cette victoire. Nous avons eu une grosse pensée pour lui, mais aussi pour Hervé, le papa de Charles et Arthur. Il s'est beaucoup investi pour emmener Charles en F1 et malheureusement, il ne l'aura jamais vu rouler à Monaco. Une victoire en Principauté c'est emblématique pour tout pilote de F1 mais pour un Monéqasque, ça a une valeur inestimable. J'ai eu une pensée aussi pour tous ceux qui attendaient ça à Monaco. C'était très émouvant et nous avions tous les larmes aux yeux. J'ai même vu des commissaires de piste tomber en larmes. Le prince de Monaco était aussi très ému sur le podium et la famille princière également. C'était un grand moment d'émotion, un peu comme si nous n'étions pas les seuls à attendre ce moment. En fait, il y avait tout Monaco et ça a été quelque chose de fort. Nous ne sommes qu'un petit pays de 2kmet à un moment, l'intégralité des gens étaient aussi contents que nous."

Quels ont été tes premiers mots pour lui après sa victoire ?
"Je ne l’ai pas vu tout de suite pour être honnête. Entre le podium et les différentes cérémonies, il était compliqué de le voir tout de suite. Nous étions tous en bas du podium, extrêmement heureux et à lui faire de grands signes. Je l’ai vu une heure après, dans le motorhome. Nous nous sommes pris dans les bras, il n’y a pas vraiment eu de mots mais il y avait un sentiment de soulagement des deux côtés. C’était très fort et quelque chose que nous n’oublierons jamais. Je pense que c’est une chose dont il rêvait depuis tout petit. Je le revois regarder la course depuis le balcon et je me demande même si ce n’est pas l’année où Kimi a gagné (2005 ndlr). Le fait de se dire qu’aujourd’hui c’est lui qui est en F1, chez Ferrari et qu’il vient de gagner le Grand Prix de Monaco […] c’est un peu toute sa carrière qui défile à cet instant et il n’y a pas forcément de mots. Il a dû y en avoir mais j’avoue que je ne les ai pas en tête. Je me souviens surtout de son regard lorsqu’il m’a pris dans ses bras et du fait de se dire que maintenant c’est fait. J’espère qu’il y en aura d’autres, je n’en doute pas, d’ailleurs, mais je pense que c’était une étape importante à franchir."

Malgré l'énorme attention portée sur Charles, avez-vous pu fêter cette victoire avec lui ?
"Nous l’avons fêtée avec lui et toute son équipe. Evidemment, il a toujours beaucoup de choses à faire après la course notamment un diner-gala avec le Prince. Après ça, il nous a rejoints, nous étions avec l’intégralité de l’équipe, environ 150 personnes et nous sommes allés au Jimmy’z (boite de nuit ndlr). Nous avons fêté ça dignement, comme toutes les victoires se fêtent à Monaco."

Quel impact penses-tu que cette victoire peut avoir sur Charles ?
"Je pense que c’est évidemment une étape importante pour lui. Il a déjà eu d’autres victoires et plusieurs poles mais celle-là, à domicile, à Monaco, ça a coché beaucoup de cases. J’aurais tendance à dire qu’après ça, la seule chose qui lui reste c’est d’aller chercher un titre. Je ne veux pas m’emballer mais honnêtement c’est l’objectif. Je ne sais pas quand ça arrivera mais son objectif c’est d’être le meilleur. Ce qui est certain c’est que son évolution est bonne et qu’en ce moment il est dans une bonne période. Depuis 12 mois, celle de l’équipe est extrêmement positive et l’arrivée de Fred Vasseur a eu un très bon impact sur le moral de tout le monde. Je pense que ça se voit de l’extérieur et en tout cas, on le ressent comme ça de l’intérieur. Je pense que ça ne va pas s’arrêter là, nous sommes hyper motivés à l’idée de les voir briller encore plus et nous espérons qu’un titre de Champion du Monde sera à la clé dans les prochaines années."

Comment vois-tu la suite de la saison pour Charles et Ferrari ?
"Je pense que la saison est très bonne jusqu’à présent. Charles est très régulier même s’il n’a pas eu début d’année facile. C’est sa première victoire depuis longtemps, surtout que celle-ci a été décrochée d’une manière parfaite. J’espère qu’il y en aura d’autres cette année, je ne suis pas en position de faire des prédictions et il faudra voir ce que ça donne sur les prochains tracés. Montréal et Barcelone sont des pistes très différentes d’Imola ou de Monaco donc nous verrons bien si ça favorise une autre équipe en termes de performance. Je pense que ce seront ces moments-là qui nous permettront de voir la tendance. J’espère que le championnat sera plus serré, même s’il l’est déjà pas mal. On voit bien qu’il y a trois équipes qui sont très proches les unes des autres et ce que j’espère en tant que frère de Charles mais surtout en tant que fan, c’est que l’on puisse voir ces trois équipes se battre jusqu’à la fin du championnat. Encore une fois, je pense que les deux prochaines courses pourront nous donner une tendance peut-être plus marquée pour le reste de la saison."


Photo : Instagram Lorenzo Tolotta-Leclerc

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